samedi 25 avril 2009

Colonna, deux procès pour rien et la fin de la troisième voie?

J'écrivais, ayant appris le verdict du procès d'Yvan Colonna en première instance:

"...Puis l'appel viendra, et la campagne pour les élections territoriales commencera. A ce moment là, si le verdict était confirmé sans élément nouveau, il est difficile de dire dans quelle mesure le sort d'Yvan Colonna pèsera sur les évènements. Mais il semble peu probable, dans cette hypothèse, que la page soit définitivement tournée, n'en déplaise aux pouvoirs publics..."

Je dois reconnaître sans plus attendre que je m'étais trompé: non seulement le verdict n'a pas été confirmé mais aggravé, mais il fut porté un certain nombre d'éléments nouveaux à la connaissances de magistrats-jurés dont le moins qu'on puisse dire est, bien qu'ils n'arrangeaient la thèse de l'accusation, qu'ils n'en tinrent pas compte.

Il ya désormais deux tueurs du préfet Erignac: Alesssandri, qui s'en accuse désormais, et Colonna qui continue de s'en défendre... Mais il ressort des témoignages recueillis au cours de ce procès en appel que d'autres membres du commando, non identifés, seraient toujours dans la nature d'où il ressort que le tireur véritable n'est peut-être pas l'un des deux cioyens de Cargese qui cumulent à en deux plus de cinquante années de prison!

Quoi que l'on pense de la culpabilité de Colonna, on ne peut que déplorer que le président de la cour d'assise spéciale, Didier Wacogne, n'ait jamais su -ou voulu- donner à ce procès le relief attendu. Mais ce qui est criminel dans son attitude, en cela que les positions sur le terrain politique se sont considérablement radicalisées, c'est qu'il a donné l'impression d'être, depuis le début de son office, en service commandé, préssé de pouvoir en finir en lisant le verdict qui lui avait été dicté ou, pire encore, qu'il avait lui même rédigé, tel un avocat général peu scrupuleux!

Des affrontements entre jeunes militants et Gendarmes mobiles et CRS ont failli coûter la vie d'un jeune lycéen dans le silence assourdissant de la plupart de nos édiles, entrainant de sévères représailles... Un cycle trop bien connu chez nous, qui ne débouche jamais sur grand-chose.

Eh bien non, la page Colonna n'est pas tournée pour tout le monde, et difficile de dire quelles seront les conséquences de ce verdict sur les prochaines éléctions territoriales:

Je me permets ici d'avancer une hypothèse: ce verdict permet d'enterrer la "troisième voie" (coalition de corsistes, d'une grande partie de la gauche et d'une petite partie de la droite, des nationalistes modérés) en entraînant la radicalisation des mouvements nationalistes. Dans ce contexte en effet, les nationalistes modérés (dont l'un des deux leaders est Me Gilles Simeoni, avcat de Colonna) aurontdu mal à expliquer à leur base une alliance avec des non-nationalistes, et risquent de peser de moins en moins en demeurant sur des positions institutionnelles dont tout le monde désèspère, au profit des indépendantistes que l'on prévoyait, après les municpales, à bout de souffle, mais qui depuis se sont regroupés dans Corsica Libera.

Il s'en suit que la gauche, sans le soutien des premiers, verrait ses chances de réunir une majorité de gestion à l'assemblée de Corse se réduire, quoi qu'en dise (en ne rien disant) ses leaders...

Mais le coup de grâce pourrait venir directement de l'Elysée: en faisant de Paul Giacobbi en son temps figure de proue de cette troisième voie, un ministrable (dixit le Figarohttp://www.lefigaro.fr/politique/2009/04/11/01002-20090411ARTFIG00008-comment-se-prepare-le-prochain-remaniement-.php:) l'Etat parviendra peut-être à saper la seule dynamique susceptible de priver l'UMP de sa chasse gardée, la Collectivité territoriale de Corse, qu'elle tient depuis 1984!

Paul Giacobbi, face à la crise économique mondiale, en appelle parfois, sur son blog (cf lien) à l'unité nationale, fustigeant avec parcimonie gauche et droite, et ne dévoilant rien de sa stratégie.

De plus, Sarkozy, en finissant d'unir sous sa bannière le Parti Radical (valoisien et PRG) ne porterait-il pas, à force d'ouverture, un coup funeste tant à Bayrou et son Modem, qu'au PS, en l'attaquant sur sa droite, laissant à Mélanchon et Besancenot le soin de le rogner sur sa gauche?

Et si l'explication de la pitoyable prestation de Didier Wacogne, n'offrant si à Colonna, ni à la famille Erignac le procès auquel ils avaient droit, s'expliquait dans une stratégie de l'Etat UMP de finir de liquider la resistance politique en France?

Conjecture illuminée, ou réelle raison de désespérer de la politique?