jeudi 31 janvier 2008

Affaire Angelini: dur d'être soft!

Après le procès Colonna, l'actualité corse n'aura connu qu'une courte accalmie: le 12 janvier, à la suite d'une manifestation nationaliste à Ajaccio, le bureau d'Ange Santini, président du Conseil executif de Corse, est incendié, après qu'une partie des manifestants et des principaux leaders ait investi l'assemblée territoriale avec semble-t-il la benédiction du préfet.

L'un d'entre eux eut cependant la présence d'esprit d'éviter ce piège: Jean Christophe Angelini, secrétaire national du PNC (Partitu di a Nazione Corsa, autonomiste modéré) refuse de suivre, et bien lui en prit.

Ainsi le PNC faisait preuve de cohérence: le parti automiste,donc nationaliste modéré, en délicatesse au sein d'Unione Naziunale (la coalition nationaliste à l'assemblée de Corse), démocrate en quête de respectabilité et d'alliance en dehors du champs nationaliste ne pouvait pas s'associer à cette démarche sans se renier, non qu'elle fut à proprement incongrüe, mais tout simplement parcequ'elle ressemblait à un piège.

En effet, tout le monde sait que les manifestations nationalistes finissent généralement de la même façon, des jeunes "incontrôlables" (quoiqu'à ce propos il eut fallu, pour en être sûr, quelqu'un essaye de les canaliser) et les policiers s'en donnat à coeur joie dans l'art de la guerilla urbaine.

JC Angelini a sûrement marqué des points les jours suivants grâce à son instinct politique, et la position du PNC, quoique difficile à tenir (condamnation de l'acte) a du susciter l'adhésion chez bon nombre de corses.

La réaction de l'Etat ne s'est pas faite attendre: des prétendus incendiaires arrêtés peu de temps après... et Jean Christophe Angelini placé en garde à vue, mais dans le cadre de l'enquête relative aux infractions supposées de la Société Méditérranéenne de Sécurité (SMS) !!! Affaire qui a déjà couté la liberté à Raymond Ceccaldi, président de la Chambre de commerce de la Corse du Sud.

Que reprochent les juges marseillais au conseiller territorial, au juste? Aurait-il bnéficié d'une partie des fons détournés? Non! Pour l'instruction, Angelini est suspecté d''avoir apporté un soutien logistique à Antoine Nivaggioni, ancien militant nationaliste et patron de la SMS. Ce prétendu proche d'Angelini (sa femme, nadine, est également élue PNC à l'assemblé) est pour son compte en fuite.

Jean Christophe Angelini a été libéré cet après midi, après 9 jours de détentions, et placé sous contrôle judiciaire. Cela semble bien long et sévère au vu des faits reprochés. Le traitement qui lui a été réservé (le candidat principal de l'opposition municipale à Porti Vechju) a suscité l'émotion de nombreux élus de la classe politique traditionnelle.

En revanche, le soutien du bout des lèvres des independantistes, en dit long sur la déterioration des relations au sein de l'Unione.

Laché par une partie des siens, malmené par la justice, l'aventure de Jean Christophe Angelini prouve, si besoin était, qu'il est décidement difficile de trouver des troisièmes voies dans le paysage politique insulaire:

C'est finalement dur d'être "soft"!