vendredi 28 novembre 2008

Antiterrorisme ou délit d'opinion? L'état du droit... le cas des prévenus de Tarnac

Il y a une chose que les Corses savent mieux que les continentaux: en matière de droit anti-terroriste, c'est qu'entre le chef d'inculpation "d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et le délit d'opinion il n'y a pas loin de la coupe aux lèvres!

C'est sans doute pour cette raison qu'un pamphlet trouvé sur le site du Monde m'a interpellé: "Non à l'ordre nouveau" est rédigé par des intellectuels soutenant les inculpés du 11 novembre.

Profitant du climat post-11 septembre, l'appareil répressif s'est considérablement renforcé dans la plupart des démocraties occidentales: dans sa ligne de mire, le terrorisme islamique (et pour cause!) mais, en France, dans les faits, beaucoup de militants nationalistes corses, ou tout simplement des sympathisants, des homonymes de sympathisants, mais fait nouveau, des membres de l'ultra-gauche française présumée!

Il est une loi infaillible de la médiacratie sous l'empire de laquelle nous vivons: il faut pour les politiques susciter l'émotion, puis réagir à grand renfort d'annonces, avant d'étouffer le problème en le remplaçant par un autre.

Les gens des banlieues pourraient certainement nous en dire long la dessus.

En Corse, une gendarmerie est plastiquée? Il est demander aux gendarmes de vite interpeller un nombre conséquents de personnes, balancer le chiffre aux médias... En règle générale la plupart est relâchées, et plus personnes n'en parle. Pourtant:

Les gens injustement mis en cause peuvent passer jusqu'à 96 heures en garde à vue (privilège d'avoir été, une fois dans leur vie, placé sous le même régime répressif qu'un véritable terroriste international). Ils ont été interpellés tôt le matin dans leur maison, on les a traités comme des vauriens, prélévé de leur ADN en mes manaçant des pires tracasseries en cas de refus, etc... pour finalement leur dire de rentrer chez eux, sans autre forme d'explication

Ce viol de la dignité, des libertés fondamentales, s'il est difficile à avaler, finit en règle générale par passer... mais l'Etat, sans doute encouragé par l'apathie généralisée, n'entend pas s'arrêter en si bon chemin, et pour une fois, ce ne sont pas des Corse ou des jeunes des banlieues qui payent les frais de la culture de la réaction:

Non... Face à la vague de sabotage des lignes de chemin de fers françaises, après avoir sous entendu que des syndicalistes radicaux pourraient être à l'origine des troubles, la piste s'est dirigée vers le plateau correziens des Millevaches, de jeunes radicaux d'extrême gauche, vivant à Tarnac ayant été présentés comme étant à coup sûr les saboteurs recherchés.

L'avenir nous dira ce qu'il est réellement des éléments matériels retrouvés à leur domicile, mais on peut d'ores et déjà s'inquiéter:

Si, comme on l'a entendu, ces jeunes étaient dangereux et surveillées, comme ont-ils pu échapper à la vigilance des forces de renseignement intérieures pour multiplier les exactions.

Ces derniers sont-ils incompétents ont point de laisser courir tel dangers aux utilisateurs des transports en commun? Difficile à croire.

Pire, cela en dirait long sur l'incapacité des ex-RG à infiltrer correctement des groupuscules même sur le territoire national, sans qu'ils soit besoin, pour le coup, de parler arabe ou basque!

Il semble plus vraisemblable que les policiers, en proie à la colère des politiques, aient eu à lâcher quelque chose en pâture à nos médias. A l'époque romaine l'empereur livrait bien aux lions quelques éléments subversifs pour rassasier son peuple! On a juste changé le décor... mais le cirque demeure.

On peut souhaiter aux jeunes interpellés de Tarnac, qu'ils béneficieront d'un procès véritable, dans le respect des règles de droit qui ont fait la grandeur intellectuelle de l'occident.

S'ils sont innocents et acquittés, souhaitons leur que les médias mettront autant d'ardeur à dénoncer l'injustice qui leur aura été faite qu'il en eurent à les désigner comme des presque coupables!

Souhaitons à la France qu'elle renoue avec sa tradition juridique.

Que la justice ne se laisse pas désigner ses cibles par les médias, l'opinion, ou le Président d'une république qui porterait dès lors bien mal son nom.

Que jamais l'on ne fera des psychiâtres des procureurs de faits à venir, des juges les moutons de procureurs zélés.

Que les citoyens, quelque soit leurs opinions, soient toujours traités comme des citoyens.

Qu'à l'heure ou Obama parle de fermer à tout jamais Guantanamo, l'on ne se vautre pas à notre tour dans des situations juridiques iniques!

Que le sort de réfugiés politiques, quels qu'aient pu être leurs forfaits par le passé, ne voit pas leur destin confiés, telle Maria Petrella, à l'habileté de négociatrice de la première dame du pays, mais à des règles claires, identiques pour tous.

Qu'il soit un jour admis que si la nation laisse briller le futur des peuples sur les terres des anciens (la patrie) l'Etat, lui, ne s'annoblit dans le présent que par le respect du même droit pour tous.

Lien du blog de soutien aux interpellés du 11 novembre, et plus particulièrement d'un article conscrées aux lois anti-terrorise en France:

http://www.soutien11novembre.org/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=9&Itemid=12